Le feuilleton Bettencourt s'enrichit de perquisitions

La saga politico-judiciaire de l'affaire Bettencourt se poursuit vendredi avec des perquisitions au domicile et dans les bureaux de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal.

L'entourage de Nicolas Sarkozy a parlé jeudi de "tournant judiciaire", estimant que l'ex-comptable de Liliane Bettencourt l'avait "totalement" disculpé lorsqu'elle a nié devant la police avoir parlé d'enveloppes d'argent pour le président.

Mais l'avocat de Claire Thibout, Antoine Gillot, a "démenti catégoriquement" vendredi sur iTélé que sa cliente soit revenue sur ses accusations visant l'actuel ministre du Travail, Eric Woerth, qui aurait selon elle perçu 150.000 euros pour le financement de la campagne présidentielle de 2007.

L'opposition de gauche constate qu'elle a maintenu l'essentiel, en particulier ses accusations contre Eric Woerth, trésorier de la campagne de 2007 et aujourd'hui de l'UMP.

Plusieurs de ses dirigeants, ainsi que l'ex-Premier ministre UMP Dominique de Villepin, réclament la désignation d'un juge d'instruction, seul à même, à leurs yeux, de garantir l'impartialité de l'enquête sur cette affaire.

Celle-ci est conduite par le procureur de Nanterre Philippe Courroye, qui est sous l'autorité du ministère de la Justice.

L'ÉLYSÉE PROMET D'AUTRES REBONDISSEMENTS

L'Elysée a maintenu vendredi que Claire Thibout avait démenti devant les policiers "tous les éléments qu'on lui a fait dire" sur le site internet d'information Mediapart.

"Il y aura d'autres rebondissements dans les heures à venir sur les propos des uns et des autres", a-t-on prédit dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. "Les principaux éléments sont démontés, y compris concernant les prélèvements d'argent."

Mais la brigade financière s'est rendue vendredi au domicile parisien du gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, et dans les bureaux de sa société, Clymène, à Neuilly-sur-Seine.

"A partir du moment où il y a une enquête large, plusieurs enquêtes, ce type de perquisition n'est pas étonnant. Il s'agit d'un ensemble de perquisitions", a dit Pascal Wilhelm, l'avocat de Patrice de Maistre, à Reuters.

L'ex-comptable de Liliane Bettencourt a nié jeudi devant les policiers avoir mis directement en cause Nicolas Sarkozy mais a maintenu que Patrice de Maistre lui avait demandé de retirer 50.000 euros pour le financement de sa campagne présidentielle de 2007, selon le parquet de Nanterre.

Dans sa déposition, Claire Thibout a confirmé qu'elle avait pour mission de retirer de fortes sommes en espèces destinées à des hommes politiques, sans avoir vu directement les remises de fonds, a-t-il ajouté.

Elle a cependant démenti sur procès-verbal certains propos que lui attribue Mediapart, notamment une mise en cause directe de Nicolas Sarkozy. "Ma cliente (...) n'a rien dit d'autre que le fait que M. Maistre lui avait demandé une somme de 150.000 euros en espèces servant à financer la campagne de M. Sarkozy", a dit Me Gillot sur iTélé.

LE GOUVERNEMENT CONTINUE D'ATTAQUER MEDIAPART

Confrontée ensuite à Patrice de Maistre, qui nie ses dires, au siège de la Brigade financière à Paris, la comptable a maintenu sa déposition sur ce point.

Selon l'hebdomadaire Marianne, qui dit s'être procuré les carnets de la comptable, près de 390.000 euros ont été retirés en espèces sur les comptes de Liliane Bettencourt durant les quatre mois précédant l'élection présidentielle de 2007.

Parallèlement, les critiques du gouvernement ont redoublé de virulence vendredi à l'encontre d'Edwy Plenel, fondateur du site Mediapart, à l'origine de la tempête médiatico-politique qui éclabousse Eric Woerth.

Mediapart a assuré avoir "scrupuleusement retranscrit" les propos de Claire Thibout malgré son démenti partiel.

"J'ai toujours vu (Edwy Plenel) s'en prendre à Nicolas Sarkozy, justement comme un opposant politique. Je ne dis pas qu'il n'a pas droit de critiquer, mais cet acharnement, comme si son élection n'était pas passée, m'attriste", a dit la secrétaire d'Etat aux Sports, Rama Yade, sur France 2.

Son homologue chargé de l'Emploi, Laurent Wauquiez, a été plus cinglant, en dépeignant un "récidiviste de la calomnie".

Edwy Plenel, qui a porté plainte en diffamation contre le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, pour ses propos parlant de méthodes "fascistes" de Mediapart, leur a répondu jeudi dans une tribune publiée sur son site internet.

"Un pas supplémentaire a été franchi dans l'affirmation de cette détestation du contre-pouvoir journalistique", y écrit-il.

Posté le Vendredi 9 juillet 2010 à 19H37
 



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