Ibrahima : la famille de la mère assassinée dénonce le laxisme des autorités, le parquet se défend

La famille et les avocates de la mère du bébé enlevé par son père et retrouvée morte mardi à Fontenay-sous-bois (Val-de-Marne) ont dénoncé jeudi le laxisme des autorités policières et judiciaires qui n'auraient pas pris en compte les appels au secours de la victime qui voulait porter plainte pour des violences et des menaces de mort réitérées.

"Sans vouloir rentrer dans une polémique avec la famille", le procureur de Créteil, Jean-Jacques Bosc, a noté "la réactivité du parquet", lors d'une conférence de presse jeudi. Selon lui, une plainte a été déposée le 4 janvier par la mère de l'enfant, le père a été déféré le 7 janvier et placé sous contrôle judiciaire par un juge des libertés et de la détention "avec interdiction de rentrer en relation avec la plaignante".

Le 9 février, le tribunal de grande instance de Créteil a condamné l'ex-concubin de la victime à quatre mois de prison avec sursis, avec mise à l'épreuve et interdiction de la rencontrer en dehors des droits de visite pour son enfant.

Selon ses proches, cette jeune femme de 26 ans se serait rendue une vingtaine de fois au commissariat local pour signaler que le père de l'enfant la violentait, la menaçait de mort et porter plainte.

"Comment se fait-il que la plainte d'une personne victime d'une infraction n'ait pas été enregistrée?", a demandé Me Marie-France Fontana, l'une des avocates de la famille lors d'une conférence de presse. "Elle avait averti la mairie, alerté les autorités judiciaires, écrit au président du tribunal de grande instance. Que pouvait-elle faire de plus?!".

Toujours selon la famille, des policiers seraient venus à plusieurs reprises constater la présence de l'intrus sans aucune conséquence pour ce dernier qui serait reparti sans encombres.

Jean-Jacques Bosc a expliqué que "onze mains courantes avaient été déposées au commissariat par la mère", essentiellement pour des "problèmes liés à la séparation du couple", mais aussi "pour certaines menaces".

Présent lors de la conférence de presse de l'avocat de la famille de la victime, son frère, Sacha Pozgaj, a confirmé que le père de l'enfant, meurtrier présumé de la mère, était un homme infidèle et violent. "Je lui disais 'calme-toi', mais il répondait: 'je vais la tuer cette sale pute'", a-t-il raconté. "Elle s'était réfugiée chez notre père car il la battait. Elle ne sortait plus de chez lui sauf le matin entre 8 et 9h pour faire les courses".

Mis en examen pour "viols en réunion" en 2006, pour des faits datant de 2001 et 2002, le père de l'enfant âgé de 28 ans avait été placé en détention provisoire entre juin 2006 et juin 2007.

"La victime avait contacté son contrôleur judiciaire mais celui-ci a dit qu'il ferait ce qu'il pourrait", a précisé Me Fontana qui a demandé aux autorités judiciaires des précisions sur le statut exact du mis en cause. "S'il y a eu une violation manifeste de ce contrôle judiciaire, la famille pourrait poursuivre l'Etat pour dysfonctionnement", a-t-elle menacé.

De façon plus générale, celle-ci a déploré "le gouffre" existant entre les annonces faites pour lutter contre les violences conjugales faites aux femmes et "la réalité quotidienne dans les commissariats".

"Je pensais que la justice allait protéger ma soeur et elle ne l'a pas fait!", a hurlé le frère de la victime. "Je lui en veux".

La famille appelle à une marche en hommage à la victime samedi à 14h au départ de la mairie de Fontenay-sous-Bois.

Posté le Jeudi 18 février 2010 à 10H45
 



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