Brève accalmie au Pendjab, l'aide peine à arriver au Pakistan

Les autorités pakistanaises s'attendaient lundi à une relative accalmie dans les pluies de mousson qui ont provoqué des inondations catastrophiques à travers le pays mais l'aide internationale tardait toujours à atteindre les populations sinistrées.

Ces inondations ont fait en deux semaines 1.600 morts et deux millions de sans-abri, qui n'ont aucun accès à l'eau potable et manquent de vivres. Quelque 17 millions de personnes au total, soit un dixième de la population, sont affectées par ce drame.

Le niveau du fleuve Indus a sensiblement baissé au Pendjab, la province pakistanaise la plus peuplée et la plus touchée par les intempéries. Dans le Sindh, en revanche, les autorités craignent une aggravation de la situation.

"Au Pendjab, le niveau du fleuve baisse. Dans les quatre ou cinq prochains jours nous aurons des pluies éparses mais qui ne devraient pas provoquer de nouvelles inondations", a déclaré à Reuters Qamar-uz-Zaman Chaudhry, directeur général de la Météorologie nationale.

"Reste que dans les endroits où les eaux ont rompu les digues, l'eau continuera à envahir les zones de plaine", a-t-il ajouté.

Sur une superficie équivalente à celle de la péninsule italienne, des centaines de villages ont été dévastés et les voies de communication ont été coupées. Leurs maisons détruites, des milliers de réfugiés campent le long des routes.

PARIS ENVOIE UN AVION D'AIDE HUMANITAIRE

"La vitesse à laquelle la situation s'aggrave est tout simplement effrayante", déclare Neva Khan, directeur de l'organisation humanitaire Oxfam au Pakistan.

"Il n'y a pas d'eau potable, il n'y aucune hygiène et ce qui est distribué ne couvre qu'une petite partie de ce qui est nécessaire."

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui s'est rendu dimanche sur place, a exhorté la communauté internationale à accélérer l'acheminement de l'aide.

Sur les 459 millions de dollars nécessaires aux premières opérations de secours, seul le quart est parvenu sur place, estiment les Nations unies.

La France a annoncé dimanche l'envoi d'un avion transportant 60 tonnes de fret humanitaire.

Le président Nicolas Sarkozy a écrit au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour demander que l'UE s'engage à "couvrir davantage encore les besoins humanitaires immédiats" au Pakistan. L'Union européenne a débloqué 40 millions d'euros d'aide début août.

L'avion français, qui décollera mercredi, transportera notamment 35 tonnes de matériel d'urgence (bâches, citernes, couvertures, jerricans, kits de cuisine), 250 kg de pastilles de potabilisation et 200 abris de type Shelter Box. Cette aide s'ajoute à celle d'un million d'euros allouée par Paris au Pakistan.

LA CRAINTE DES ÉPIDÉMIES

Au cours de sa visite, Ban Ki-moon s'est entretenu avec le président Asif Ali Zardari, très critiqué pour ne pas avoir écourté un voyage en Europe au plus fort des inondations, les plus graves du pays depuis 80 ans.

Le secrétaire général de l'Onu a rencontré par la suite le Premier ministre Yusuf Raza Gilani dont les services ont prévenu dimanche qu'une "deuxième et une troisième importantes vagues de précipitations pourraient se révéler encore plus dangereuses" que les précédentes.

L'Onu se montre de plus en plus préoccupée concernant les maladies liées à la contamination des eaux. Un cas de choléra a été confirmé dans un hôpital de la vallée de Swat, dans le nord du pays, et les organisations humanitaires ont pris des mesures pour prévenir une crise sanitaire.

Le porte-parole des opérations humanitaires de l'Onu, Maurizio Giuliano, a fait état de 36.000 personnes souffrant de diarrhée aiguë.

Le gouvernement, dépassé par l'ampleur du désastre, est sous le feu des critiques pour avoir tardé à réagir face à la crise, laissant l'armée et les organisations internationales gérer la situation.

Le mécontentement grandit, laissant planer le risque de troubles sociaux mais, selon des analystes, l'armée est suffisamment occupée par la lutte contre les taliban pakistanais pour s'immiscer dans la vie politique et tenter de reprendre le pouvoir.

Le chef de l'opposition, Nawaz Sharif, a promis de coopérer avec les autorités.

Le coût économique de ces inondations va peser lourd sur le budget du Pakistan et le ministère des Finances a annoncé que l'objectif de 4,5% de croissance du PIB prévu cette année ne serait pas atteint.

Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, estime à un milliard de dollars le coût des destructions des récoltes et a annoncé que son organisme allait étudier le déblocage de 900 millions pour venir en aide aux Pakistanais.

Posté le Lundi 16 août 2010 à 12H16
 



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